Les flocons glissaient sur sa peau rougie, mordue par le froid et le vent. Il resserra ses mains sur son écharpe en se recroquevillant légèrement, tentant péniblement d'avancer a travers la neige. Il grommela quelques injures, grelottant. Les faibles lumières des lampadaires éclairaient son chemin, s'enfonçant dans la pénombre de Noel. Son ventre rejoignit sa plainte : il était huit heures passé et il mourrait de faim. A sa plus grande joie, il arriva jusqu'à la porte de son immeuble ou il s'engouffra dans un soupir soulagé. La soudaine sensation de chaleur lui donna quelques fourmillements aux doigts mais il n'y fit pas attention et monta les escaliers jusqu'à la porte de son appartement. Il s'autorisa un sourire en jetant un coup d’œil a l'intérieur de sa sacoche, et finit par entrer après quelques tentatives infructueuses pour enfoncer sa clé dans la serrure.

Il se dévêtit et balança ses chaussures avec négligence, puis se mît automatiquement a la recherche de son petit-ami qui ne devait pas être loin. Son regard s'attarda un instant sur leur sapin richement décoré, des guirlandes bleu et dorés sillonnant les épis de l'arbre.

Un frisson parcourut son échine lorsqu'il aperçut Miura, et il ne put empêcher un sourire tendre s'afficher sur ses lèvres. Il n'avait en aucun cas perdu de sa splendeur. Encore aujourd'hui, Keiichiro ne pouvait pas toucher son amant sans frémir, ultrasensible a son contact. Même si la cohabitation était parfois délicate, rien n'était mieux que de retrouver son petit-ami après une journée difficile.
Sans prévenir, il se glissa dans ses bras et enroula les siens autour de sa taille pour se serrer contre lui. Il resta un instant ainsi, rien qu'un moment pour profiter de la chaleur de son amant avant de relever la tête et de nouer ses mains avec les siennes.

- Désolé pour le retard, j'ai du réglé quelques problèmes avec ceux qui assurent la permanence de Noël. Tu veux que je prépare la table ? demanda-t-il tout en lui volant un baiser. A moins que tu ne l'ai déjà fait ? Je n'ai pas regardé, avoua-t-il d'un air contrit.

Koyama l'observa, les yeux pétillants. Il était tout de même embêté, il n'avait pas participé au repas du réveillon. Mais bon, avouons-le : ce qui le préoccupait, c'était plutôt l'échange de cadeaux et la probable folle nuit d'amour qu'ils passeraient ensembles ! Pour une fois, il allait éviter toute les discutions sur les Karuta, les Yakuzas, ou sur Hayami... Non, aujourd'hui, il allait profiter de son homme.
Il mordilla sa lèvre, et se détacha un instant du brun pour ranger ses affaires qui contenaient les fameux cadeaux. Pas question qu'il ne les découvre avant le moment venu !
Il revint vers son amant et ne résista pas a la pulsion de l'embrasser, à nouveau, ses doigts glissant un instant dans sa chevelure alors qu'il laissait échapper un soupir.

- J'espère qu'il n'y aurai pas trop de neige. Je n'ai pas envie d'être coincé...

La neige, c'était jolie, mais seulement de loin et sans excès. Il n'aimait pas la sensation de froid, mais c'était tout de même une bonne excuse pour se peloter contre le torse d'Haruma. Il ne semblait pas contre, de toute façon !
Un nouveau gargouillement s'échappa de son ventre et il rougit légèrement, de honte, avant de se tordre les doigts et de rire nerveusement.

- Je ne sais pas si je vais pouvoir attendre bien longtemps...

Il avait toujours la fâcheuse manie d'augmenter la température du chauffage, ce qui lui revenait a un prix assez exorbitant d'ailleurs, mais Keiichiro était très frileux. Au moindre coup de froid, il tremblait et claquait des dents. Et parfois, même la chaleur de Miura ne parvenait pas a le réchauffer totalement.

Le roux observa son amant qu'il s'empressa de serrer contre lui, montrant ainsi qu'il refusait de le lâcher. Il était le meilleur petit-ami que l'on pouvait avoir. Même si les débuts avaient été difficiles, Il était heureux de sa situation et ne se voyait pas continuer sans lui. Sa vie aurait été bien fade, s'il n'avait pas rencontré Miura... Et dire qu'ils s'étaient rapprochés pour comploter contre les Karuta. Ça lui semblait tellement lointain, et en même temps si proche ! Les sentiments qui avaient su naitre dans son cœur l'avait effrayé dans un premier temps, et il avait longtemps nié leur existence, même après avoir partager son lit avec Haruma. Et puis, finalement, il s'était abandonné dans ses bras, et lui avait murmuré tout bas   la preuve de son amour. Jamais il ne l'avait refait, ou du moins uniquement dans de rares occasions. Il n'était pas très doué pour la conversation, il préférait montrer ses sentiments par les gestes, par les attentions peut être invisibles aux yeux des autres, mais bien réelles. Comme lorsqu'il passait sa main dans les cheveux du brun, qu'il glissait lentement ses doigts le long de son visage pour retracer ses traits, qu'il le couvait d'un regard d'une incroyable douceur pendant de longues minutes... 

Il eu un léger sourire en entendant son grognement, mais fut bien embêté lorsqu'il refusa de le laisser partir. Frissonnant, l'informaticien se mordilla les lèvres et décida que ce n'était pas très grave, qu'il pourrait ainsi rester plus longtemps contre son amoureux. Il vint d'ailleurs déposer une myriade de bisous le long de son cou jusqu'à ses lèvres qu'il captura dans un long baiser, sa langue allant taquiner un instant sa bouche avant de s'éloigner, joueuse.

Il l'observa s'activer a préparer le table et se sentit légèrement honteux de ne pas participer, de lui avoir laisser tout le travail. Pris de soudain remords, Keiichiro vint le serrer contre lui, un long soupir d'aise s'échappant ainsi de sa bouche.

- Merci. Pour tout ça, pour t'avoir autant investi. J'apprécie... souffla-t-il dans un baiser. Puis deux, puis trois...

Et il faillit ne plus pouvoir s'arrêter. Pourtant, il le fallait bien ! De mauvaise grâce, il s'installa confortablement et oublia bien vite sa légère contrariété pour dévorer les plats de son petit-ami. Heureusement qu'il était la ! Il connaissait quelques rudiments de cuisine, mais il n'était pas très bon cuisinier, contrairement a Haruma qui s'en sortait parfaitement bien. C'était ainsi toujours un délice de manger sa nourriture - bien qu'il ne soit pas certain que le fait d'être avec lui ne faussait pas son jugement. 

Le temps passa vite, si vite qu'ils furent déjà au dessert. Impatient, il découvrit avec une certaine allégresse les sucreries que lui avait préparé Miura. Les yeux brillants, il ne savait pas par quoi commencer. Pourtant, son choix fut vite réglé lorsqu'il tomba sur la fascinante vision de son amant en train de croquer sa pop'cakes.

Sa gorge s'assécha devant ce spectacle, et il le contempla, hypnotisé par la langue du bel homme qui lui faisait face. Un irrésistible frisson traversa son corps, ses poils se hérissèrent et il l'observa, bouche bée. Il déglutit difficilement, les joues rosies ; cependant, il prit la décision de rentrer dans son jeu malgré qu'il soit sur de perdre - oh, il avait même envie de perdre ! 

Avec la grâce d'un chat, le jeune homme attrapa une des pop'cakes et pencha son buste légèrement en avant. Il eu l'audace d'attraper la sucrerie entre ses dents et, dans un délicieux craquement, la croqua. Le goût était sensationnelle. Il fit craquer son dessert entre ses dents et poussa un petit gémissement de plaisir, bien trop similaire a ceux qu'il poussait lors de leurs ébats, les pupilles assombris d'un nouveau sentiment : le désir. 

Il termina rapidement sa pop'cake avant de plonger son regard dans celui de Miura.

-C'est vrai qu'ils sont bons... Souffla-t-il. Je peux en avoir un autre ?

Il ouvrit la bouche, et fit un petit "Aah~" pour l'inviter a lui donner la béquetée. 
C'était sans doute aussi a cause de ça, qu'il n'avait jamais pu ignorer l'ancien Anti. Certes, Il lui avait tapé dans l’œil dès le premier jour, mais il était aussi quelqu'un d'assez... Excitant ? C'était vrai, mais ça ne correspondait pas exactement a ce qu'il voulait exprimer. Disons qu'il avait un certain charme naturel, un magnétisme évident. Il en était d'ailleurs très souvent jaloux.

Et oui, surprise, Koyama faisait preuve d'une jalousie sans pareille. Et étrangement, plus des femmes que des hommes. Il n'aimait pas quand les autres touchaient son amant, ni quand ils étaient un peu trop complices. C’était d'ailleurs parfois le principal sujet de violentes disputes entre eux. Il savait qu'il devait respecter le cercle privée de son petit-ami, et qu'il fallait lui laisser des libertés. Mais c'était plus fort que lui, il était mort de jalousie lorsqu'il y avait quelqu'un d'un peu trop proche de son amant. C’était pourtant dans ces moments-là qu'il était le plus apte a montrer leur relation publiquement, lui qui est habituellement discret.

Lorsqu'ils se disputaient, ils n'allaient pas souvent dans la dentelle. Pourtant, malgré certaines horreurs dites a plusieurs reprises, il n'avait jamais franchi la limite qui aurait pu mener a une rupture. Heureusement ! Pas moyen qu'il ne laisse son amoureux lui filer entre les doigts. Il l'avait, il le gardait ! Pourtant... Pourtant, les engueulades avaient du bon, dans  un sens. Ils n'étaient quasiment jamais aussi fougueux et sauvages sous la couette qu'après les crises.

Sans doute qu'aujourd'hui ferait-il parti de ces cas a part, où tout était cents, non milles fois plus fort qu'à l'accoutumée. 

Chouuu éè:

Il avait pris quelques semaines pour assimiler les mécanismes de flirt, et des années avant de comprendre ce qu'aimer voulait dire. Draguer, c'était facile ; aimer, c'était une toute autre paire de manches. Ça ne se contrôlait pas, ça retournait votre cerveau et vous rendait fou. La solitude ne vous pesait qu'à partir du moment où vous connaissez cette émotion destructrice et passionnée qu'est l'amour. Keiichiro détestait perdre le contrôle à cause de ses sentiments, et c'était une des raisons qui l'avaient poussé à refuser obstinément de tomber amoureux. Mais ça ne pouvait s'empêcher, et heureusement d'ailleurs ! S'il n'avait pas accepter ses sentiments, s'il avait fui, le roux aurait pu passer à coté de son attache, de son bonheur, de son âme sœur peut-être ?

Il chassa cette idée : C'était terriblement niais, TROP niais pour lui !

Un frisson parcourut son échine alors qu'un éclat de désir traversa son regard. Une telle confiance avait été dure à acquérir, surtout avec sa propre nature méfiante. Il savait faire le premier pas, mais il était toujours autant déstabilisé lorsque Miura lui faisait des avances. Leurs échanges avaient une saveur particulière, inimitable et dont il ne croyait pas pouvoir se lasser un jour. Quelque chose chez le brun l'attirait, le fascinait irrémédiablement. Quelque chose qui faisait battre son coeur plus vite, plus fort, quelque chose qui lui donnait envie de rester toute sa vie près de lui.

C'était d'ailleurs cet ardent désir qui l'avait convaincu d'emménager avec son petit-ami. Certes, à l'université, ils siégeaient dans le même quartier, dans des appartements tout de même voisins, mais c'était peu pratique. De plus, la perspective de se faire accueillir par les baisers de son amant était plus que charmante !
Koyama ne disait pas qu'il n'y avait que des avantages, non : S'ils se disputaient, il ne pouvait pas hurler et s'enfuir autre part. Si Miura voulait inviter des personnes que Keii n'appréciait pas, il ne pouvait pas esquiver. Et ne parlons même pas de la restitution des taches ménagères ! Lorsqu'aucun des deux n'avait envie de mettre la main a la pâte, c'était un calvaire !

Sa jalousie n'était qu'une preuve flagrante de son manque de confiance en soi. Il n'était pas mannequin, alors pour le physique, autant aller voir ailleurs. Il était irritable, mauvais, égoïste, arrogant, méprisant, et bien d'autres choses encore. En réalité, il n'avait rien d'exceptionnel : il était un individu lambda, si on effaçait son homosexualité. Alors il n'arrivait pas à comprendre comment Miura pouvait lui être fidèle et autant l'aimer. Ça le dépassait.

Ainsi, il était nerveux et une rage étouffante le prenait à la gorge lorsque quelqu'un lui semblait bien proche de Miura. Ça avait le don de lui hérisser les poils.

Mais peu importe sa jalousie. Un long frisson le parcourut de part en part. Mon dieu. C'était quoi, ça ? Son petit-ami était vraiment un dieu vivant, excitant au possible. Les yeux assombris, il ne se fit pas prier : Keiichiro se pencha en avant et capturer les lèvres de son amant dans un tendre baiser, sa langue quémandant l'accès pour venir taquiner sa jumelle et attraper la sucrerie promise. Leur échange dura quelques instants, ce qui lui donna des papillons dans le ventre. Le morceau capturé, il l'avala avec plaisir et s'humecta les lèvres juste sous le nez de Miura.

Son regard... Ses yeux étaient tout simplement captivant. Il vous accrochait et ne vous lâchait plus. Ses doigts étaient doux, tendres, cajoleurs et il se surprenait à toujours autant aimer ça. Leur relation était un mélange de tendresse et de passion. Ils avaient trouvés un bon équilibre.

- Tu es bien impatient, ce soir, souffla-t-il avec amusement.

Keiichiro le rapprocha contre lui en enroulant ses bras autour de sa taille, puis posa ses mains baladeuses sur ses fesses. Il avait bien le droit d'en profiter un peu ! Sa respiration s'accéléra soudainement lorsque ces dents attaquèrent sa sensible peau, et un petit halètement s'échappa alors de ses lèvres. Ses joues se colorèrent ; l'ancien espion enfouis son visage contre la nuque de son petit-ami, un peu honteux. Il avait perdu, en quelque sorte. Perdu contre son propre désir.

Keii grogna et attaqua alors la gorge de son vis-a-vis, mordant sa peau, glissant sa langue contre celle-ci jusqu'à y laisser des marques violacées. Non, il n'était pas connu pour son fair-play, mais plutôt pour être mauvais joueur !

Il releva la tête, puis fit glisser ses doigts sur sa peau dans une lente caresse, ses lèvres capturant les siennes dans un farouche baiser.

- Miu', j'ai envie de toi... Avoua-t-il en se mordant la commissure des lèvres.

Il déboutonna sa chemise avec empressement, les faisant sauter par son impatience. Il se pencha en avant pour attraper son téton entre ses dents, puis sa bouche attaqua sa peau et explora son torse, s'attardant sur les endroits qu'il savait sensible. Son bassin épousait le sien et l'accompagnait dans de lents balancements, ses reins brûlés par l'excitation. C'était toujours une expérience délicieuse.

Parfois, il se demandait avec humour comment réagirait les autres en prenant connaissance de son comportement en intimité. Il avait beau être acariâtre, on le pensait plutôt soumis avec son physique assez androgyne et son visage assez enfantin. Mais demander a Haruma s'il se soumettait.. Il devenait tout autre.

Sauvage comme un lion.

Un lion qui avait terriblement faim, ce soir.